Women 20 : 15 recommandations aux chefs d’États des pays du G20 pour l’égalité femmes-hommes

Le quatrième Sommet du Women 20 (W20), l’un des sept Groupes d’Engagement du G20, a eu lieu les 1er, 2 et 3 octobre 2018 à Buenos Aires. #JamaisSansElles a participé à l’ensemble des travaux préliminaires des Délégués internationaux et à la rédaction du Communiqué final, en tant que Chef de Délégation pour la France. Ce Communiqué est le fruit d’une réflexion collective, rassemblant les compétences et expertises diverses d’organisations de femmes de la société civile et de femmes entrepreneurs. 65 délégués du monde entier se sont réunis et plus 800 femmes ont participé à l’événement.

Voici le Communiqué final, rédigé par les chefs de délégation des 20 pays, qui a été remis au Président argentin pour le Sommet du G20 2018 à Buenos Aires.

Communiqué du Women 20 2018 :
15 recommandations aux chefs d’États des pays du G20 pour l’égalité 

Nous, représentantes du réseau Women20 (W20) 2018, croyons fermement que l’égalité entre les sexes est un moteur essentiel

de croissance durable et inclusive. Ce point de vue se trouve au cœur de l’agenda du G20 Argentine 2018 et est conforme àl’Objectif de Développement Durable N°5, qui vise à « parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ».

En s’appuyant sur les bases solides établies lors des consultations précédentes du W20, le W20 identifie les principaux défis à relever et qui sont stratégiques pour le G20.

AUGMENTER ET AMÉLIORER LA PARTICIPATION DES FEMMES DANS LA POPULATION ACTIVE :

1. En accélérant le rythme de mise en œuvre de l’engagement pris à Brisbane en 2014 de réduire l’écart entre les sexes dans la participation à la population active de 25% d’ici 2025, en élaborant et en finançant des Plans Nationaux et en rendant compte de la progression sur une base annuelle.

2. En investissant des fonds publics pour assurer des services de soins universels abordables, de qualité et professionnalisés aux personnes ayant des individus à charge, y compris celles se trouvant dans le secteur informel.

3. En mettant en œuvre des politiques pour des régimes de congés parentaux payés obligatoires d’ici 2025, qui incluent des droits non transférables pour une deuxième personne en charge, afin de promouvoir une responsabilité partagée et un meilleur équilibre entre travail et vie privée.

4. En éliminant toutes les formes de discrimination envers les femmes, en particulier dans les lois et les réglementations portant sur l’accès et le contrôle des terres, des biens et des ressources, et en promouvant des mécanismes garantissant un salaire égal pour un travail d’égale valeur.

5. En renforçant et faisant respecter les réglementations qui assurent un accès égal à la justice et en appuyant les processus internationaux conduisant à l’établissement de normes pour « mettre fin à la violence et au harcèlement dans le monde du travail », afin de protéger les femmes de toute forme de violence, y compris la violence en ligne.

6. En analysant l’Avenir du Travail du point de vue du genre et en concevant des politiques propres à garantir un impact équitable. Les grandes tendances telles que l’économie des petits emplois ou services (gig economy), l’automatisation et le machine learning doivent être abordées sous l’angle de leur impact genro-spécifique, en mettant l’accent sur la protection sociale et les droits du travail des travailleuses.

GARANTIR L’INCLUSION FINANCIÈRE DES FEMMES :

7. En garantissant l’égal accès des femmes au crédit, aux services financiers, à l’émission d’actions et aux marchés, et en développant des initiatives pour améliorer la familiarité des femmes avec les notions financières et juridiques, ainsi que leur capacité entrepreneuriale.

8. En renforçant la transparence et les mesures facilitant l’attribution des financements publics à des entreprises appartenant à des femmes et dirigées par des femmes, et en augmentant leur part d’au moins 10%, en tenant compte de la situation de chaque pays du G20¹.

9. En utilisant et en promouvant des formes alternatives de notation financière, incluant la prise en compte de données alternatives pour évaluer la solvabilité des MPME, afin d’accroître l’accès des femmes aux services financiers.

¹. Une augmentation d’au moins 10% représente une amélioration pour chaque pays, compte tenu de son propre niveau de référence.

ASSUREZ L’INCLUSION NUMÉRIQUE DES FEMMES :

10. En développant des politiques globales et trans-sectorielles qui suppriment les obstacles empêchant les femmes d’accéder et d’utiliser les technologies numériques et l’Internet, particulièrement dans les zones rurales et isolées. En améliorant l’accès, l’accessibilité économique, la sûreté et la sécurité des services numériques, les programmes de connectivité et de haut débit, ainsi que la disponibilité de contenus et services pertinents, en prenant en compte les femmes dans toute leur diversité.

11. En garantissant des programmes éducatifs inclusifs par la promotion et l’investissement dans des initiatives qui encouragent une égale participation des femmes et des jeunes filles à l’apprentissage des STIAM (sciences, technologie, ingénierie, arts et mathématiques), et qui défendent les droits numériques des femmes et l’exercice de leur citoyenneté. Les programmes de formation doivent promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie pour les femmes et permettre une actualisation fréquente des compétences numériques afin d’accroître les opportunités aussi bien d’emploi que d’entrepreneuriat. Les pays du G20 doivent également favoriser la participation équitable des femmes au développement et à la gouvernance des industries liées au domaine des STIAM.

12. En assurant la participation des femmes au développement et à la modification des algorithmes dans le domaine de l’intelligence artificielle, afin de remédier aux biais sexistes.

FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT DES FEMMES EN MILIEU RURAL :

13. En garantissant l’accès des femmes à des services sociaux complets et sensibles au genre, y compris des services d’éducation, de santé et juridiques dans les zones rurales.

14. En investissant dans les infrastructures pour le développement rural et en s’assurant de la participation des femmes à tous les stades du processus, en tenant compte de leurs besoins et opportunités de travail spécifiques. Les projets d’infrastructure doivent également inclure des protocoles relatifs aux violences sexistes.

15. En allouant ou en augmentant des fonds destinés aux femmes vivant en milieu rural afin de renforcer leurs coopératives, entreprises, organisations et chaînes de valeur, en promouvant l’accès au crédit et à la formation, afin de faciliter la participation des femmes à l’économie et leur inclusion dans les processus de décision et la gouvernance.

Pour assurer un développement durable, il est impératif d’aborder la question de l’égalité entre les sexes dans la perspective globale des Droits de l’Homme et d’élaborer des politiques reposant sur des données factuelles qui reconnaissent et abordent les différences structurelles. À cet égard, le G20 doit soutenir la mise en place de budgets axés sur les questions de genre, et, de concert avec les organisations partenaires internationales et les partenaires nationaux concernés, développer des systèmes statistiques reposant sur des indicateurs ventilés par sexe et qui prennent en compte les femmes dans toute leur diversité.

Pour assurer la continuité et l’efficacité du W20, nous exhortons les Présidences du G20 à s’engager aux côtés du réseau W20, en assurant un accès aux espaces de négociation du G20 et en poursuivant l’inclusion systématique des problématiques de genre dans tous leurs groupes d’engagement.

Reconnaissant que le leadership du G20 est primordial pour réaliser l’égalité entre les genres, le W20 exhorte le G20 à agir dans le sens de ces recommandations en élaborant des plans de mise en œuvre effective assortis de calendriers et d’objectifs, en facilitant la participation et la coopération des organisations de femmes, en mesurant et en suivant les progrès accomplis, et en rendant compte publiquement des résultats.

Le Women20 (W20) est un groupe d’engagement officiel du G20 composé d’un réseau transnational d’organisations de femmes, d’associations de femmes entrepreneurs et de groupes de réflexion. Son objectif principal est d’influencer les décideurs des pays du G20 pour qu’ils investissent dans le développement économique des femmes, en vue d’un développement plus inclusif. Le W20 a été fondé en 2015 pendant la présidence turque du G20, puis a été reconduit en Chine et en Allemagne. En 2018, il s’agit de sa quatrième édition.

Le communiqué a été traduit en français par #JamaisSansElles.

2 Comments for “Women 20 : 15 recommandations aux chefs d’États des pays du G20 pour l’égalité femmes-hommes”

Laurie CHAMPIN

says:

Bravo pour votre travail collectif remarquable qui honore les femmes et fait magistralement avancer la cause autant que les débats de façon constructive et pérenne, excluant par la même tous les mouvements féministes ancrés dans la vindicte et le débat contradictoire s’opposant à tout avancement et construction pérenne et qui, in finé, divisent plus qu’ils ne rassemblent.
Laurie CHAMPIN

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