#JamaisSansElles : encore un effort… par Natacha Quester-Séméon et Gilles Babinet

Publié dans le programme « influenceurs » de Linkedin, le 8 mars 2016, le mouvement #JamaisSansElles était lancé depuis un mois.

Co-rédigé avec Natacha Quester-Semeon, entrepreneur et porte-parole de Jamais sans elles.

Gilles Babinet, entrepreneur (Captain Dash, Africa4tech), Digital Champion pour la France auprès de la Commission européenne.

La révolution digitale offre une occasion historique de réformer et d’améliorer le monde du travail. Ce qu’on nomme de manière générique la « transformation digitale » est une véritable mutation culturelle et sociétale, qui change les codes et modifie l’organisation du travail, notamment dans le rapport entre les salariés et leur entreprise, ainsi que dans celui des entreprises avec leurs clients.

Ce contexte représente une formidable opportunité pour la mixité et la diversité dans les entreprises.

Ainsi du groupe AccordHotels, qui sous l’impulsion de son PDG Sébastien Bazin a créé un « shadow comex » composé de douze cadres, femmes et hommes de moins de 35 ans de sept nationalités différentes. AccordHotels doit faire face à AirBNB ou à TripAdvisor, il est donc crucial de comprendre le logiciel conceptuel de ces anciennes startups devenues licornes pour résister et mieux affronter leur concurrence. Comme le dit Sébastien Bazin, « la révolution, il faut l’embrasser, pas la subir ! ».

Mixité, diversité
Il y a quelques semaines, Isabelle Kocher aurait pu devenir la présidente d’une société du CAC 40 – ce qui aurait pu nous éviter cette terrible photo d’une rencontre avec le président iranien, Hassan Rohani, reçu par le Medef dans une assemblée 100 % masculine, très largement commentée sur les réseaux sociaux ! Mais chez ENGIE, une dirigeante de 49 ans a été jugée encore trop « inexpérimentée » pour prendre les rennes d’un groupe d’énergie.

Pensons-nous vraiment qu’en marchant à reculons nous pourrons faire face à un monde qui bouge et se transforme si rapidement ? Nous devons nous adapter, et le faire sans nous perdre. Il ne s’agit pas seulement d’humanisme ou de féminisme : c’est aussi une question de pragmatisme. Nous avons tout à y gagner !

Le hashtag #JamaisSansElles a déjà touché plus de 20 millions de personnes
C’est la raison pour laquelle nous avons lancé l’appel #JamaisSansElles, devenu aujourd’hui un véritable mouvement. À l’origine de cet appel se trouve le club des Gentlemen, présidé par Tatiana F-Salomon et Guy Mamou Mani, qui réunit une trentaine d’entrepreneurs humanistes et de personnalités du monde numérique comme Benoit Thieulin, Henri Verdier, Sylvain Attal, Benoit Raphaël, Jean-Michel Blanquer, Claude Posternak ou encore Alexandre Jardin et nous-mêmes.

À quoi s’engagent les signataires ? À une chose très simple : ne plus participer à une conférence ou un événement public dont les femmes seraient absentes.

Engagement concret.

Aujourd’hui, ils sont rejoints par plus de 100 dirigeants comme Nicolas Sekkaki, Pdg d’IBM France, Damien Viel, DG de Twitter France, Stéphane Richard, PDG d’Orange, Etienne Gernelle, directeur du Point, Louis Dreyfus, président du directoire du Monde, ou encore Jacques-Antoine Granjon, PDG de Vente-Privée.com, Thierry Taboy, vice-président de la RSE du groupe Orange, Dominique Delport, DG de Havas media groupe, Nicolas Bordas, vice-président de TBWA/Europe, quatre membres du nouveau Conseil national du numérique, dont deux de ses vice-présidents, et enfin trois maires, dont Alain Juppé. Il est appuyé par un conseil féminin associant Laurence Parisot, Nathalie Kosciusko-Morizet, Axelle Lemaire, Isabelle Weill ou encore Michèle Fitoussi.

Dès la parution de l’appel, le hashtag #JamaisSansElles est monté en trend topic sur Twitter.

Ce mouvement co-élaboratif a fait l’effet d’une vague sur les réseaux sociaux, et en à peine cinq semaines, le hashtag a touché plus de 8 millions de personnes sur Twitter.

Chaque jour, partout en France, des hommes et des femmes se saisissent de #JamaisSansElles en diffusant des commentaires ou des photos pour informer, alerter et promouvoir des sujets autour de la mixité : présence ou absence de femmes dans des conférences, informations sur l’égalité professionnelle, etc.

Ces conférences, événements et directions de grandes entreprises dont sont absentes les femmes semblent relégués au rang de vestige du passé. Ce qui paraissait presque naturel hier encore ne semble tout simplement plus acceptable à un nombre croissant de personnes, tant sur la scène que dans l’auditoire. Et il y a lieu de penser qu’elles ne tarderont pas à devenir majoritaires.

Cet engagement est aussi le fruit d’un long travail de fond, mené notamment par le club Girl Power 3.0 fondé en 2006, et par la suite par de nombreux clubs et réseaux féminins qui se sont développés en France.

Notre pays ne parviendra pas à affronter la révolution numérique s’il n’accepte pas de donner beaucoup plus de place aux femmes, aux jeunes et aux disrupteurs.
Il ne s’agit pas d’imposer, ni même de s’opposer, mais de collaborer. Ce qui est nouveau, c’est que grâce à l’influence de certaines dirigeantes et de femmes respectées dans le numérique, les hommes ont pris conscience des enjeux de la mixité. Ce ne sont plus des femmes qui réclament la présence des femmes, mais des hommes. Et cela change tout ! C’est un extraordinaire levier qui fait réellement bouger les lignes. Les organisateurs de conférences l’ont très vite compris, et certains travaillent déjà avec l’association #JamaisSansElles pour être labellisés. Pour les aider, l’association œuvre d’ailleurs à la constitution d’un réseau qualifié de femmes capables d’intervenir sur les sujets les plus divers, avec toute la légitimité et la pertinence que leur confèrent leur compétence, leur expérience et leur vision parfois complémentaire.

Outre-Atlantique, l’ONU a lancé le programme pilote 10x10x10 dans le cadre de la campagne « He for She » (« Lui pour elle »). Dix gouvernements, dix entreprises et dix universités participent à un programme pour définir les normes mondiales en matière d’égalité des sexes et de leur application pratique. Parmi les entreprises impliquées*, on compte Twitter, ou encore le groupe AccordHotels, qui s’est engagé à atteindre l’égalité salariale d’ici 2017.

Notre pays ne parviendra pas à affronter la révolution numérique s’il n’accepte pas de donner beaucoup plus de place aux femmes, aux jeunes et aux disrupteurs. Pour créer et innover, il convient de se mélanger et d’ouvrir les portes à tous ceux qui ont du talent et sont porteurs d’idées, quel que soit leur profil. Il est temps de ne plus faire du neuf avec du vieux, mais du neuf avec du neuf.

Mais les femmes doivent aussi acquérir plus de confiance en elle, et en finir avec le « syndrôme de l’imposture ». D’autant qu’il est à présent démontré que les femmes gèrent mieux les entreprises que les hommes. C’est donc au moins autant aux hommes de faire de la place aux femmes qu’aux femmes de prendre celle qui leur est légitimement due. Ce sera alors la fin du « plafond de verre ».

Notre pays est condamné à changer, sous peine de disparaître. La société française est en pleine crise, y compris en crise de confiance envers les politiques et les journalistes. Mais les français font confiance aux entrepreneurs. C’est pourquoi les entreprises du numérique, acteurs du changement, et toutes celles qui sont en pleine transformation digitale, ont un rôle essentiel à jouer. Il n’est plus possible d’ignorer qu’il y a des opportunités nouvelles dans les métiers du numérique, et dans tous ces « nouveaux métiers » qui recrutent en abondance : c’est là que se trouve la croissance d’aujourd’hui et de demain. Parallèlement, en tant que citoyens, nous pouvons tous contribuer à fortifier ce qui peut devenir un véritable élan nouveau pour notre pays. Nous devons croire en nos valeurs, au bien-être au travail, au mieux vivre ensemble. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour asseoir l’égalité entre les hommes et les femmes, mais nous pouvons co-élaborer pour y parvenir.

Comme le dit Apollinaire : « il est grand temps de rallumer les étoiles. »

Nous ajoutons qu’il est grand temps de ré-enchanter la France !



* AccorHotels, Schneider Electric, Barclays, McKinsey & Company, Twitter, Vodafone Group Plc, Koc Holding, PwC, Tupperware Brands et Unilever.

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