Article publié de la Revue « Le Cube » (Centre de création numérique) sur le thème de la responsabilité.
À l’approche de la campagne présidentielle française, on ne peut qu’être frappé par la violence qui se déverse chaque jour sur nos écrans et sur nos ondes. Nous sommes comme aspirés par les médias qui mènent une grande bataille pour attirer notre attention dans une concurrence assez féroce entre eux.
On y voit la crise, le chômage, de fortes tensions sociales, des attentats et des politiques plus ou moins ridiculisés ou en lévitation au-dessus des problèmes réels. On se croirait dans un film de science-fiction montrant une société anxiogène au bord du chaos.
La France est toujours représentée coupée par cet éternel clivage binaire, avec d’un côté la Gauche et de l’autre la Droite. Ce flot d’informations inquiétantes et incessantes nous empêche de réfléchir. La mutation actuelle est quasi invisible dans les médias et dans le paysage politique français, qui semble fonctionner comme au XXe siècle.
Face aux médias, il y a l’influence croissante des réseaux sociaux qui sont aussi un terrain de guerre idéologique. La propagande djihadiste redoutablement bien conçue s’y diffuse, ainsi que les idées du Front National.
Marine Le Pen est la politique la plus populaire sur Facebook, et l’Extrême droite représente 20% du web social. C’était seulement 2 % il y a dix ans (1). La nébuleuse FN dispose même de « sites d’informations » très visités qui rapportent de l’argent.
Ces bataillons connaissent très bien le fonctionnement des réseaux sociaux et les nouvelles manières de diffuser leur propagande. On le sait, le FN est le premier parti chez les 18-24 ans (avec environ 35 %) (2).
Face à ce constat angoissant, le désespoir ne peut que nourrir la violence et la frustration.
Décomposition des partis
Pourtant, la société change sous l’impulsion de ceux qui ne veulent pas s’en tenir à un simple constat négatif et agissent sur le terrain. On est proche de l’uberisation des partis politiques.
Aujourd’hui, 28% des Français se déclarent « sans préférence partisane », au moment même où « aucun des principaux partis ne parvient à atteindre le seuil de 20% des préférences exprimées ». Pour la première fois, le premier groupe politique français est celui des non partisans (3).
Ce qui compte, c’est la confiance ! Or, nous n’avons plus guère confiance en les politiques et les journalistes (4), mais en ceux qui agissent, qui « font », en ceux que nous connaissons, ainsi qu’en les entrepreneurs. Aujourd’hui plus encore qu’hier, chacun peut réellement être acteur du changement autour de lui.
C’est forte de cette conviction, qu’il y a deux ans, j’ai cofondé « Bleu, blanc, zèbre » avec Alexandre Jardin, dans le but de mettre en avant les acteurs de la France réelle, et que je suis aujourd’hui porte-parole de #JamaisSansElles, association de promotion de la mixité fondée par des entrepreneurs humanistes, avec deux présidents, une femme et un homme : Tatiana F-Salomon et Guy Mamou-Mani.
L’appel #JamaisSansElles a été signé par une centaine de personnalités, d’acteurs du numérique, des médias, de l’éducation, de la politique, habitués des débats et manifestations publiques, mais refusant désormais d’y participer si des femmes n’y sont pas également associées. #JamaisSansElles s’est aussi dotée d’un « Conseil féminin », composé de dirigeantes et de personnalités issues de l’entreprise, des médias, du monde de la culture ou de la politique.
Nous le disons : il ne s’agit ni de s’opposer, ni de s’imposer, mais de collaborer.
Le mouvement s’est lancé via les réseaux sociaux. Et ça marche ! Chaque jour le hashtag est utilisé pour informer sur l’égalité Homme-Femme ou interpeler sur l’absence des femmes dans les débats publics. Chacun peut participer, et grâce à une communauté très active et en forte croissance : #JamaisSansElles a touché plus de 18 millions de personnes.
« #JamaisSansElles, c’est le respect des engagements et de la parole donnée », écrit sa présidente Tatiana F-Salomon. « C’est la mise en œuvre d’actions concrètes pour la mixité ». L’approche de cette association est disruptive. C’est aux hommes que ce mouvement, initié par un homme et une femme, propose de s’engager en faveur de la mixité. Comme le rappelle Tatiana F-Salomon, « c’est le moment de faire du neuf avec du neuf et non plus du neuf avec du vieux. »
JamaisSansElles
Chaque fois que nous intervenons dans une ville française, nous sentons un réel enthousiasme pour cette action si simple et véritablement efficace. Aujourd’hui, des collaborations se tissent à travers le territoire.
Plus de responsabilité de la part des dirigeants et plus de responsabilités de la part des citoyens.
Il y a des gens formidables partout, des humanistes qui œuvrent pour le bien de tous. Il existe une multitude d’initiatives citoyennes, d’associations, de réseaux qui agissent hors des radars et forment ensemble un tissu social vivant. Face à l’incompréhension et à la haine, c’est en pratiquant la bienveillance que nous pourrons éveiller l’espoir et ainsi ré-enchanter la France.
Les petits web soldats du FN, 10 avril 2016 : http://teleobs.nouvelobs.com/actualites/20160406.OBS7965/les-petits-web-soldats-du-fn.html [↩] Le FN, premier parti de France… chez les jeunes : http://www.franceinfo.fr/actu/politique/article/le-fn-premier-parti-de-france-chez-les-jeunes-750209 [↩] Les sans préférence partisane, premier parti de France : http://www.slate.fr/story/117981/sans-preference-partisane-premier-parti-france?utm_content=buffer3a114&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer [↩] Pour 65% des jeunes, le problème politique vient des élus, pas des institutions: http://www.20minutes.fr/politique/1846327-20160516-exclusif-65-jeunes-probleme-politique-vient-elus-institutions?utm_content=buffer154b3&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer [↩]
Laisser un commentaire