Taclé pour avoir appelé à une alliance citoyenne sans en citer une seule dans une interview pour l’Express, Alexandre Jardin revient sur l’importance de la participation des femmes dans le débat public. Tribune (et mea culpa). Parue dans l’Express.
Jamais Sans Elles, c’est quoi ? Une pratique, ce qui est plus fort qu’une idée. Une action simple à faire pour claironner ce que l’on pense. A chaque fois qu’un événement aura lieu désormais et que sur la tribune il n’y aura pas de femmes, les signataires – déjà cent dirigeants et personnalités, dont je suis avec joie – décamperont. Sans esclandre. Ils prendront la poudre d’escampette, pour ne pas coopérer.
Naturellement, ils et elles ne le feront pas toujours; les nécessités de la vie font parfois loi; je fais même partie de ceux qui ont déjà fauté, je l’avoue; mais là n’est pas le plus important.
L’essentiel est que si cet engagement est enfreint, ce qui arrivera, des milliers de râleurs en forme débouleront sur les réseaux sociaux pour rappeler que ce n’est tout simplement pas normal. Sans acrimonie, mais fermement. J’en sais quelque chose, ce qui est d’excellente guerre! Comme l’être humain est rarement enchanté de se faire tacler, une nouvelle norme peut naître de cette mobilisation sans précédent – le hashtag #JamaisSansElles a déjà touché plus de 20 millions de personnes. Les tribunes se multiplient; déjà huit événements dans des villes, vingt interventions diverses. C’est parti, à fond.
Derrière Jamais Sans Elles, il y a donc un combat souriant, pugnace, pour un changement de norme; et c’est peut-être cela le plus intéressant. Il ne s’agit pas de fliquer les comportements des uns ou des autres, il s’agit de créer une situation forte, impliquant des millions de gens, pour que dans le nouveau monde – la planète numérique – l’égalité homme-femme devienne normale. Ce qui est bien le minimum. Le nouveau monde influençant l’ancien, la stratégie est en train de devenir gagnante pour notre société.
Gagnante car les Faizeux – les citoyens qui passent à l’acte pour en prendre soin – sont avant tout des Faizeuses. Il faudra bien que cela se sache et que l’accès à l’influence réelle des Faizeuses enthousiasmantes ait enfin lieu. Pour le bénéfice de tous.
Mais l’histoire de Jamais Sans Elles raconte aussi comment la France peut bouger et se réparer elle-même sans en passer par les formes classiques de l’action publique. Tout est parti d’un petit groupe d’entrepreneurs humanistes qui se sont mis en tête d’embarquer leurs amis dans l’aventure de ce basculement de norme. La suite est en cours. Ces résolus n’ont fait voter aucune loi. Ils n’ont pas eu accès aux journaux de vingt heures. Ils ont simplement fait leur part en chevauchant des destriers numériques.
Dans le monde qui vient, les simples citoyens vont tout changer. En faisant leur part. Tout, avec Elles. #JamaisSansElles.
Alexandre Jardin, écrivain engagé, signataire fondateur de #JamaisSansElles.
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