Le 4 mars 2025, le ministère de la Culture a accueilli la 4e journée de l’association #JamaisSansElles. Cet événement a réuni 300 participants, dont près de la moitié étaient des lycéens et étudiants venus de toute la France.
La « Journée nationale #JamaisSansElles dans les collèges et lycées », organisée en partenariat avec l’Éducation nationale, vise à promouvoir une série d’initiatives en faveur de la mixité et de l’égalité au sein des établissements scolaires.
Parmi les temps forts de cette rencontre, les interventions de Karine Lejeune, Claudie Haigneré et Muriel Domenach qui ont livré un témoignage dans le cadre de la série « Elles l’ont fait ! »
Aujourd’hui, Karine Lejeune occupe deux fonctions majeures au sein de la Gendarmerie nationale et des structures associées. Elle est secrétaire générale adjointe de la Garde nationale, un rôle où elle contribue à la coordination et au soutien des réservistes militaires. Elle est également secrétaire générale adjointe du Conseil supérieur de la réserve militaire (CSRM), une instance qui travaille à l’évolution du rôle des réserves au service de la défense, de la sécurité et de la cohésion nationale. Ces postes reflètent son engagement continu dans le domaine de la réserve militaire et de la sécurité, en s’appuyant sur son expérience de Générale de brigade et son parcours riche au sein de la Gendarmerie. Elle incarne un modèle d’excellence et d’engagement, défiant les stéréotypes dans un milieu historiquement masculin. Elle est membre du Conseil féminin de #JamaisSansElles.
Une pionnière dans un monde d’hommes
Devant un public de jeunes, Karine Lejeune, l’une des cinq Générales en activité parmi les 160 officiers généraux de la Gendarmerie, a retracé ses 25 années de carrière, débutées en 1999 dans une institution où les femmes représentaient alors seulement 6 % des effectifs militaires, et les officières, 1,5 %. Aujourd’hui, avec 22 % de personnel féminin, la Gendarmerie a progressé, mais les défis persistent, comme en témoigne le faible 3 % de femmes parmi les généraux. « Vingt-cinq ans, c’est une éternité pour vous, mais hier pour moi, et une goutte d’eau dans les neuf siècles d’histoire de la Gendarmerie », a-t-elle souligné.
Ce parcours ascendant montre sa détermination à briser les barrières. Issue de la faculté de droit et non des grandes écoles militaires comme Saint-Cyr, elle a su s’imposer là où peu l’attendaient.
Le commandement n’est pas une affaire de genre, mais de compétence
« Saurais-je commander des hommes ? » : elle se pose cette question dès ses débuts. Et elle y répond par l’action. En 2018, elle prend la tête du groupement de gendarmerie de l’Essonne, après avoir exercé d’autres commandements, comme à Palaiseau en 2002. Elle démontre que l’autorité, fondée sur la loyauté et l’adhésion, n’est pas une affaire de genre mais de compétence. « Commander, ça s’apprend », insiste-t-elle, rappelant que les femmes, comme les hommes, peuvent exceller dans cet art si elles s’en donnent les moyens.
Concilier l’uniforme et la famille
Mère de deux garçons de 14 et 11 ans, Karine Lejeune défie un autre cliché : celui de la femme militaire sans vie personnelle. Dans une institution où les femmes sans enfants sont surreprésentées, elle prouve qu’un équilibre est possible. « Un super mari et une bonne organisation », confie-t-elle.
Une voix contre les violences faites aux femmes
En 2022, son supérieur lui confie la lutte contre les violences faites aux femmes en Île-de-France, arguant : « Parce que vous êtes une femme ». Si l’argument la surprend, elle transforme cette mission en un pilier de sa carrière. Ce combat devient une cause qu’elle porte avec conviction, renforçant l’engagement de la Gendarmerie sur ce front et montrant comment un défi imposé peut se muer en vocation.
La résilience face aux préjugés
« Les femmes sont incongrues en Gendarmerie », « vous serez un handicap », : ces phrases, entendues il y a 25 ans, auraient pu la freiner. Au contraire, elles l’ont poussées. Première porte-parole de la Gendarmerie en 2016, puis conseillère au cabinet du ministre des Armées en 2022, et enfin Générale aujourd’hui, elle s’est imposée par son sérieux sans se renier. Elle assume son identité tout en refusant d’être réduite à son genre.
Une exemplarité universelle
Le parcours Karine Lejeune est une réponse à cette ultime question : « Serais-je à la hauteur ? » Par sa capacité à transformer les défis en opportunités, à allier rigueur militaire et humanité, elle fait évoluer les mentalités et redéfinit le leadership pour inciter autant les femmes que les hommes à repousser les limites. Elle a contribué à ouvrir la voie dans un monde où les femmes doivent encore prouver leur légitimité. Citant Simone de Beauvoir, elle a rappelé que les droits des femmes, jamais acquis, exigent une vigilance constante.
Elle conclue en lançant un appel à tous les talents féminins : « Trouvez votre place, prenez votre place et toute votre place, avec le concours des hommes. » Un message d’espoir et d’action pour une égalité toujours en construction.
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